Avec les taux bas, il n’était pas rare de pouvoir emprunter sans apport. Par exemple, les banques accordaient volontiers des financements incluant les frais de notaire. Mais le durcissement des conditions bancaires tend à rebattre les cartes. À quel point ? Les courtiers du réseau PresseTaux partagent leurs analyses de terrain.
Pour Johan Carré, courtier PresseTaux à Cambrai, on peut toujours emprunter sans apport à la condition d’avoir “un endettement et un reste à vivre correct” ainsi qu’une “épargne suffisante”. ”Les interlocuteurs bancaires présents pour cette clientèle n’ont pas changé”, confirme Marie-Laure Fovez qui finalise aussi des dossiers sans apport du côté de Saint-Etienne.
“Pour ma part, ce sont 90 % de mes dossiers qui sont financés sans apport car je conseille à mes clients de conserver leur épargne pour trois raisons : l’assurance, l’inflation et la force bancaire”, résume Geoffrey Mazouzi (PresseTaux Reims). “Les exceptions sont toujours possibles si l’assise financière du client est importante”, rappelle Sandra Rutman à Chantilly.
“L’apport rassure les banques car il reflète la capacité d’épargne des emprunteurs”, rappelle néanmoins Magali Zeller à Dijon. “Son existence prouve que les emprunteurs sauront probablement faire face en cas d’imprévu et de coup dur. Emprunter sans apport reste possible mais pas dans toutes les banques, et pas sans une argumentation solide : épargne conservée pour de futurs projets, ou ayant été utilisée pour des travaux récents, ou pour l’achat d’une voiture… Il faut pouvoir rassurer les banquiers.”
“Effectivement, on peut toujours emprunter sans apport mais dans très peu d’établissements bancaires…”, constate Christophe Lamand à Douai. “Et il faut absolument avoir de l’épargne à côté !” Jean-Philippe Journet, courtier PresseTaux à Caudry, a ainsi pu faire passer des dossiers de financement sans apport pour des acquisitions de résidence principale sur des durées de prêt réduites à 22 ans.
“Certaines banques qui travaillent sur une clientèle dite d’avenir et ciblent des professions spécifiques, notamment libérales, acceptent d’octroyer des financements sans apport, par exemple en cas de situations professionnelles aux revenus évolutifs”, explique Richard Mouchel à Lens.
Pour Geoffrey Mazouzi, le manque d’apport n’est pas devenu un critère drastique de refus de prêt : “L’apport incarne un engagement de la part du client dans la prise de risque. Mais puisque la banque va collecter l’épargne de ces futurs clients, un apport qui n’est pas investi ira donc sur les différents placements financiers de la banque qui y trouve donc son intérêt.”
Mais dans certains cas, le manque d’apport reste un critère rédhibitoire selon Richard Mouchel : “Ce n’était pas le cas l’an passé mais compte tenu des taux actuels et du nombre de dossiers reçus, les banques deviennent tout de même de plus en plus sélectives et ne cherchent pas forcément à approfondir la situation des demandeurs.”
L’absence d’apport est “effectivement un critère de refus dans beaucoup de banques qui y voient là un moyen de sélectionner une certaine qualité de clientèle…”, constate Magali Zeller à Dijon, avant de citer cet exemple : “Un cas fréquent de projet immobilier sans apport concerne les personnes en cours de divorce. Leur situation vient de changer brutalement. C’est le cas d’un de mes clients : pension à verser, un foyer à assumer seul avec une maison suffisamment grande pour accueillir ses enfants en garde alternée, une épargne qui a fondu avec les frais du divorce… Résultat, sa propre banque n’a même pas ouvert le dossier ! Heureusement, en connaissant les bons interlocuteurs dans les bonnes banques, le projet a pu aboutir, et avec de belles conditions tarifaires en prime.”