Les semaines passées en confinement ont impacté le fonctionnement de chacun et, par conséquent, la relation qui lie les courtiers et les banques. Les agences bancaires fonctionnant avec des effectifs réduits, les délais de traitement des dossiers se sont par exemple allongés.
“Le confinement a eu un effet très lourd sur les banques qui ont tourné – et continuent encore de le faire – à effectifs réduits, avec des outils informatiques qui ont mis du temps à s’adapter”, introduit Magali Zeller, courtier PresseTaux à Dijon. “C’était également le cas des notaires, avec qui nous travaillons. Ce qui leur prend habituellement trente minutes pouvait leur prendre trois heures ! De nombreuses agences bancaires de proximité ne travaillaient plus qu’à la moitié de leur capacité et ne pouvaient plus accepter de nouveaux dossiers.”
Grégory Lemaitre, courtier PresseTaux Tours, a également constaté cet allongement des délais, mais il précise aussi que “d’autres banques ont tiré leur épingle du jeu et se sont montrées beaucoup plus réactives, comme les banques régionales qui ont préservé davantage d’effectifs. Le deuxième mois de confinement a été plus lent, ce qui a été sans doute lié aux congés des personnels dans les banques et aux nombreux jours fériés de mai.”
“La relation avec les banques ne s’est pas facilitée…”, constate Christophe Lamand à Douai : “Les délais se sont allongés en fonction des établissements bancaires, avec aussi un manque de relais parmi leur personnel quand les uns et les autres étaient absents. Ils n’étaient pas aussi faciles d’accès que d’habitude et il n’y avait pas partout une continuité de service complète : dossiers mis en attente, traitements plus longs…” Du côté de Valenciennes, Grégory Willay a évalué l’allongement des délais à “un mois de plus en moyenne, en fonction des dossiers et des banques : les conseillers bancaires travaillaient le plus souvent une semaine sur deux, comme bon nombre de gens en télétravail avec des enfants à la maison”.
Magali Zeller poursuit : “Les règles d’attribution des crédits ont également évolué pendant cette période de grande incertitude économique : hausse des taux (dans une majorité de banques) avec pour conséquence immédiate une baisse de la capacité d’endettement, un apport exigé plus important, des exigences plus élevées pour les salariés de secteurs d’activité en difficulté… Cela a compliqué le travail des courtiers qui ont dû adapter leurs dossiers.” Carine Pradelles (PresseTaux Montpellier), abonde : “Les taux ont fortement augmenté suite aux directives de la Banque centrale européenne (BCE) quant à l’augmentation des taux directeurs.”
Au sujet de l’évolution des taux bancaires, Grégory Willay rappelle que la tendance était déjà “à la hausse avant le confinement” : “L’évolution est progressive depuis la fin de l’année 2019 mais elle n’est pas fulgurante non plus et je n’ai pas observé de hausse à proprement parler liée directement au contexte de confinement. Cela fait six mois que les taux augmentent régulièrement… Même si les médias n’en parlent qu’aujourd’hui ! Ce qui provoque par ailleurs une ruée sur l’immobilier, les gens craignant que les taux augmentent beaucoup à partir de maintenant.”
Du côté de Tours, Grégory Lemaitre a observé une évolution plus franche des taux, avec “une augmentation allant jusqu’à + 0,50 % dans certaines banques début avril” : “De manière générale, ce que j’ai pu observer au niveau des banques régionales, c’est que les taux augmentent depuis le confinement alors qu’ils étaient plus attractifs au mois de mars.” Même constat du côté de Douai pour Christophe Lamand, avec une hausse des taux observée juste avant mais aussi pendant le confinement. Quant à Sandra Rutman (PresseTaux Chantilly), elle a constaté “une hausse des taux pratiqués surtout sur les longues durées”.
Par contre, les courtiers du réseau PresseTaux s’accordent sur le fait qu’ils n’ont pas constaté d’évolution particulière au niveau du coût des assurances. Carine Pradelles précise néanmoins que “les conditions se sont durcies : nous avons vu des surprimes sur des maladies respiratoires qui n’existaient pas avant, comme pour des allergies”. De son côté, Grégory Willay émet des incertitudes au sujet des personnes qui ont contracté le covid-19 : “Par exemple à la question “Avez-vous déjà été hospitalisé ?” dans les questionnaires des assurances, certains emprunteurs sont obligés de répondre “oui” pour cause de covid-19. Pour le moment, nous n’avons pas eu de retour sur ces cas précis de la part des assurances. On sera fixé cet été.” Christophe Lamand a également constaté que les délégations d’assurance sont désormais “beaucoup plus compliquées à obtenir”.
Quant aux avis sur les dossiers proposés, les banques sont plus difficiles qu’avant. “Les conditions sont davantage drastiques en plus des contraintes déjà existantes, comme le taux d’endettement plafonné à 33 % et un taux d’usure très vite atteint, ainsi qu’un montant d’apport demandé plus important”, remarque Christophe Lamand. “C’était déjà le cas depuis la fin de l’année 2019”, relativise Grégory Willay : “Le durcissement des banques n’est à mon sens pas lié au confinement, il est dans la continuité des mois précédents.” Pour Grégory Lemaitre, “il faut vraiment que le dossier soit irréprochable pour obtenir l’accord de crédit. Il est par exemple très difficile d’obtenir un accord pour un dossier sans épargne de précaution. Il faut nécessairement un apport d’au moins 5000 € – grand minimum ! – et les financements à 110 % (frais bancaires et de notaires inclus) sont devenus quasiment impossibles à obtenir”.
“Pour des primo-accédants sans apport, cela devient très compliqué”, regrette Christophe Lamand. “Les banques veulent développer des dossiers de qualité, c’est-à-dire avec des revenus moyens supérieurs, de l’apport et de l’épargne disponibles. Les personnes jeunes se retrouvent rapidement hors des clous. Cela peut donner l’impression que les banques préfèrent développer l’épargne au détriment du crédit.”