Le déconfinement s’accompagne aussi bien d’un sentiment de liberté retrouvée que d’une prise de conscience de l’importance du “bien-vivre chez soi”. A-t-il engendré de nouvelles tendances au niveau de la demande des clients et du financement de leurs projets immobiliers ? Les courtiers du réseau PresseTaux dressent un premier bilan.
Pour beaucoup, le déconfinement peut s’accompagner d’envies de changer de vie. Certains projettent de déménager de la ville vers la campagne tandis que d’autres sont par exemple soucieux de gagner des mètres carrés ou une chambre de plus. Grégory Lemaitre, courtier PresseTaux à Tours, a surtout remarqué que “les personnes souhaitent désormais passer à l’action : les projets ont mûri le temps du confinement et là, ils prennent des décisions”.
De son côté, Grégory Willay (PresseTaux Valenciennes) recevait déjà des demandes de clients souhaitant gagner des mètres carrés pour leur foyer “mais là, ça se précipite : aujourd’hui, les personnes veulent du changement maintenant, il y a une réelle prise de conscience sur le bien-vivre à la maison” – désormais clairement plus prisée que les appartements, puisqu’elle offre aussi un espace extérieur.
Il observe également un intérêt de plus en plus prononcé au sujet des réseaux téléphoniques et du télétravail : “Est-ce que la maison, l’appartement aura bien la fibre optique ?” Dans le cadre d’un futur achat, le contexte de télétravail est désormais sérieusement pris en compte : les futurs acquéreurs veulent éviter les “zones blanches” à tout prix pour ne pas être privés de réseau haut débit fixe. De même que le fait d’avoir une pièce en plus, isolée, devient un critère prépondérant pour pouvoir travailler de chez soi, au calme.
“Le confinement a eu un impact psychologique très important et a été l’accélérateur mais également le frein de beaucoup de décisions. Les futurs acquéreurs ont aussi eu le temps de chercher leur bonheur parmi les petites annonces en cours”, explique Magali Zeller, courtier PresseTaux à Dijon. “Pour autant, si évolution de la demande des clients il y a, elle se fera dans les mois à venir, le temps que les projets mûrissent encore suffisamment.”
Le confinement aura-t-il aussi mis les couples à rude épreuve, de là à générer davantage de processus de séparation ? “Oui, des contextes de séparation, on commence à en avoir”, rapporte Grégory Willay. “Mais il est encore trop tôt pour confirmer cette tendance, il faudra attendre quelques mois pour en évaluer l’impact.” Par exemple à Montpellier, Carine Pradelles n’a pas relevé “de réel impact du covid-19 au niveau de ce type de demande”, ce que confirme Sandra Rutman à Chantilly ou encore Grégory Lemaitre à Tours : “Il est trop tôt pour parler d’un effet confinement à ce sujet.” Et comme le précise Christophe Lamand à Douai : “Certains étaient déjà sans doute en cours de séparation et le contexte accélère les démarches…”
“Certes, les rachats de soulte liés à des séparations font partie des demandes de financement les plus fréquentes depuis le confinement, mais cela fait plusieurs années que cette tendance est présente. Par contre, les projets d’acquisition de résidences secondaires à la campagne se sont multipliés ces dernières semaines”, observe Magali Zeller. “D’un autre côté, plusieurs projets se sont vus suspendus, les situations professionnelles ayant parfois besoin d’être consolidées. C’est là la crainte d’un grand nombre de futurs acquéreurs, en particulier dans les zones touristiques qui vont continuer à souffrir de la crise. J’ai également observé un report du neuf vers l’ancien : les projets de construction ayant pris beaucoup de retard en raison du confinement, plusieurs de mes clients qui cherchaient un terrain pour construire se sont finalement réorientés sur de l’ancien.”
Le confinement aura-t-il stoppé des projets d’acquisition ou, au contraire, les motive-t-il davantage ? À cette question, la réponse de Grégory Willay est sans appel : “À l’évidence, ça les motive !” Il poursuit : “J’en suis même étonné, c’est comme si on était au contraire dans un climat de confiance : les gens veulent acheter. L’impact psychologique du confinement serait plutôt positif quant à l’immobilier. Au final, l’activité ne n’est pas arrêtée, elle s’est juste ralentie pendant le confinement. Mais ça accélère à nouveau de manière flagrante depuis le déconfinement.” Grégory Lemaitre constate par exemple “davantage de demandes en matière de prêts relais”.
“Certains ont vu leur projet d’acquisition stoppé, par peur de l’avenir, de ne pas savoir ce qu’il va se passer, le fameux “on verra plus tard”… Mais de là à dire que le déconfinement motive les projets immobiliers, il est encore un peu tôt pour l’affirmer, on manque de recul”, nuance Christophe Lamand. “Quoiqu’il en soit, le déconfinement apporte avec lui un sentiment de liberté retrouvée, de désir d’avancer, d’aborder l’après avec envie. Je pense qu’il y aura une majorité de gens qui exprimeront le souhait d’aller de l’avant. Il y aura plus d’optimistes que de pessimistes, je l’espère !”