Âge, disponibilité d’un apport, constitution d’une épargne, durée d’emprunt demandée, ancienneté de l’emploi, type de métier occupé, reste à vivre… Autant de critères qui sont de plus en plus étudiés à la loupe par les banques quand elles analysent des dossiers de financement !
“Il est certain que les banques scrutent de plus en plus la qualité des emprunteurs”, introduit Richard Mouchel, courtier PresseTaux à Lens. “J’entends par la qualité : la date d’embauche (qu’elle soit supérieure à un an), le restant à vivre (qui est rédhibitoire aux yeux des banquiers) et aussi, pour certaines banques, la nature même de l’emploi. Si l’on compare à 2018, ces types de dossier ne posaient pas de problème.”
Même son de cloche à Douai pour Christophe Lamand : “Les dossiers de jeunes ou de clients sans apport sont plus difficiles à passer s’ils ne sont pas dans des professions de type fonctionnaire, agent de maîtrise ou cadre.” Courtier PresseTaux à Dijon, Magali Zeller complète : “Ce sont des dossiers qu’il faut travailler et remanier plus en profondeur, en allant chercher par exemple de l’aide familiale pour solder un prêt consommation en cours…”
“L’an passé, nous arrivions encore à faire passer des dossiers de clients sans apport et sans épargne”, se souvient Johan Carré, courtier à Cambrai. “Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.” “Le profil du client et l’étude financière effectuée, une fois que le compromis est rédigé et que l’on peut faire valider définitivement le dossier, les voyants passent désormais au rouge et nous faisons face à des refus”, témoigne Jean-Philippe Journet à Caudry.
“J’ai l’habitude dans ma région, Reims, de pouvoir financer des clients sans apport mais il est vrai que s’ils n’ont pas d’épargne de sécurité, la banque m’a émis des vétos alors que ce même dossier serait passé l’an passé sans problématique particulière”, explique Geoffrey Mazouzi. “C’est pour cela que nous devons nous mettre très vite à jour, surtout pour ne pas laisser s’engager dans des compromis des acquéreurs qui n’auraient pas leur financement.”
“De manière générale, les dossiers que les banques ont tendance à éliminer sont ceux qui sont un peu « justes » même s’ils respectent les critères d’endettement : les dossiers sans épargne et sur une longue durée, les profils présentant des dépassements ponctuels d’autorisation de découvert, les emprunts sur plus de 25 ans…”, analyse Magali Zeller. “Le cas le plus courant concerne des jeunes qui rentrent sur le marché du travail, sans apport, avec un petit crédit auto en cours et empruntant sur une longue durée.”
À ce titre, les primo-accédants sont particulièrement impactés par le durcissement des conditions d’octroi de prêts, selon Richard Mouchel : “La plupart du temps, ce sont des jeunes qui débutent dans la vie active, ont très peu d’épargne voire n’en ont pas du tout, mais souhaitent néanmoins être propriétaires et non plus locataires, ce qui est légitime. Jeune couple sans enfant, ils souhaitent faire l’acquisition d’un bien afin que celui-ci soit payé avant que leurs enfants entrent en études supérieures.”
Magali Zeller poursuit : “Les jeunes ont des revenus et un apport limités, un crédit auto parfois en cours et des besoins en hausse avec l’arrivée d’enfants… Cela fait beaucoup d’incertitudes pour les banques ! Notre rôle est là très important. Il faut prendre le temps avec nos clients pour leur expliquer toutes les conséquences d’un prêt sans apport ou avec un taux d’endettement élevé. Il faut aussi parfois revoir le projet un peu différemment : aide financière de la famille pour rembourser un solde de prêt à la consommation par exemple, travaux en deux étapes pour attendre la fin d’un prêt étudiant, choix d’une zone géographique moins chère, achat dans de l’ancien plutôt qu’une construction pour éviter la période tendue… Tout cela demande à étudier en profondeur les dossiers et à être très disponible pour les interrogations de nos clients, ce que les conseillers bancaires ont de moins en moins le temps de pratiquer…”